• Aujourd'hui, Gyril m'a souhaité la bonne année ainsi que Claire ! Je n'en reviens pas de voir cette petite liste des gens-qui-sont-là s'allonger. Ma grand-mère m'a téléphoné, elle était folle de joie et j'ai l'impression que je vis mieux cette distance qui me sépare d'elle. 

    Ce matin, c'était conduite, je ne perds pas espoir, mieux vaut tard que jamais ! Et surtout je ne prends plus la fuite avec ça. 

    Je suis allée à Paris cet après-midi, je suis passée chez Loraine pour l'aider à emménager. 

    Ensuite c'était séance avec M. Rimbaud (non, vraiment, je ne me lasse pas de cette fantaisie !). Cela faisait plusieurs mois que je ne l'avais pas consulté en présence. Nous avons échangé durant 1h (la séance ne fait que 30 minutes en principe), je pense qu'il l'a laissée s'étendre parce que je ne peux pas venir souvent directement au cabinet. N'empêche que je suis à la fois flattée et très contente que l'échange ait pu s'étaler. Cette séance était particulière, nous avons plus "échangé" que d'habitude. Je me tourne vers lui, je lui pose des questions. J'ai commencé la thérapie en avril dernier et je l'ai vu en présence ou en visio toutes les semaines depuis, exception faite des deux mois d'été. Je me suis souvent dit que si j'avais pu le voir cet été les choses auraient sans doute été très différentes. En mieux ? Peut-être pas. 
    Peu importe la "pause" au final, quand une thérapie est entamée, elle est bien entamée. Donc 10 mois pour commencer à interagir, ça me paraît énorme mais je me fais sans doute des idées. Je crois que quand on s'y tient, on a immanquablement envie de bien faire aux yeux de son psy. On espère un peu être un bon élève. Je devrais dire "je". J'espère être une bonne élève, ce qui en fait n'a pas vraiment de sens car je suis une patiente et c'est un peu idiot de vouloir être un "bon patient". Il n'y a pas de mauvais patient. Mais peu importe, c'est ce que je ressens, c'est ce dont j'ai envie au fond, j'espère faire bien, j'espère être unique à ses yeux, j'espère qu'il sort de certaines séances en étant fier de son métier et un peu moins fatigué peut-être que certains jours. J'imagine que c'est ça, une forme de transfert ?

    Je crois que je m'imagine que son métier est au cœur de sa vie, que c'est même sa raison d'être principale, d'ailleurs c'est certainement pour ça davantage que par intérêt pour la psychanalyse en elle-même (me disais-je) que je l'ai interrogé sur son métier. A plusieurs reprises d'ailleurs. "Pourquoi vous faites ça ? Vous travaillez beaucoup. Vraiment beaucoup. Exception faite de ces deux mois d'été. Il faut le vouloir quand même." ou aujourd'hui "Vous appartenez à quel mouvement psychanalytique ? C'est votre premier métier ?". Maintenant que j'y pense, je crois que je lui demande si la psychanalyse est vraiment centrale dans sa vie parce que si c'est le cas, moi aussi d'une certaine manière et donc si mes séances sont "bonnes" il en tirera une satisfaction importante pour lui-même. Merde ! Je crois que j'essaie de renverser les choses, je veux prendre soin de lui. Il a hésité à me répondre mais il m'a dit qu'il n'était pas le patient. J'essaie de materner mon propre psy bordel !!! C'est une forme de domination et justement j'ai entamé le sujet durant la séance. Ce désir sous-jacent de dominer mon monde, de prendre le dessus. Enfin, un bout de l'histoire c'est sans doute qu'en tant qu'enfant j'aurais voulu soulager mes deux parents. Mon père en particulier. J'aurais voulu, certainement, le rendre assez heureux à moi toute seule. 


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  • Illustration de Lucy Campbell

    La vie est vraiment étonnante. Aujourd'hui, j'ai aidé Lin Pha à monter son matelas dans son nouvel appartement. Nous sommes allés prendre un café chez Cédric et Laëti. On s'est arrêté au café pour récupérer du journal puis on est passé au relai poste pour récupérer le colis envoyé par ma mère pour mon anniversaire. Une fois rentrés à la maison, je l'ai aidé à emballer ses verres. Je crois que pendant quelques instants nous avions le cœur un peu serré. Et puis on a blagué et on a franchement ri. Il a dit qu'avec tous ces verres il aurait de quoi "nous" accueillir chez lui. Autrement dit, "nous, ses amis". Je ne le remercierai jamais assez d'être si profondément humain, si profondément gentil. Merci de m'apprendre que la séparation n'est pas forcément une déchirure. Mille mercis. 


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  • Ils sont là.

    Peinture de Maxfield Parrish

    Ca rend vite accro d'écrire sans adresser ses mots. Je suis heureuse de m'y mettre.
    La journée s'écoule tranquillement et je me dis "Il faudrait que je dise quel plaisir c'est de faire fondre une sauce aux fruits rouges et d'embaumer toute la maison.", "Il faudrait que je mette cette chanson en lien, elle a teinté cette heure heureuse.", "Il faudrait que je nomme les gens qui comptent pour moi et qui sont là, tout simplement."

    Loraine évidemment. Loraine qui n'hésite pas à faire ce long trajet régulièrement pour venir me voir. Notre amitié commence à avoir quelques années, elle s'est construite avec tant de douceur, d'écoute, d'absence de jugement. 

    Robin est un ami conteur que j'adore. Il est toujours là, avec ou sans nouvelles de moi. Il est toujours là avec une immense générosité. Il semble m'aimer beaucoup et c'est d'autant plus chouette que ça me paraît assez incompréhensible. 

    Bao bien sûr, je ne compte pas les années, ça fait probablement plus de dix ans. Il est aussi toujours aussi généreux avec moi.

    Je me sens pingre à côté de ces gens qui donnent sans rien attendre. Je me sens avare, je sens au fond une inquiétude absurde. Pas si absurde. Peut-être que je minimise un peu le passé. J'espère vivement apprendre à me manifester auprès d'eux comme je le voudrais. 

    Il y a Agathe bien sûr, il faudrait vraiment que je me bouge pour passer du temps avec elle.

    Il y a Mika, toujours infiniment gentil et droit.

    Il y a Mathieu évidemment, je pense que notre amitié change avec le temps. Quoi qu'il en soit il compte énormément pour moi.

    Il y a Arthur, Arthur c'est Paris. 

    Il y a Toto & Yoyo, je les adore et j'aimerais beaucoup les voir plus souvent !

    Il y a les nouveaux amis, les copains, les visages familiers du voisinage si importants aussi à leur manière. Laëtita, Cédric, Nico, Margaux et Tonneau, Monsieur H., Monsieur G., Alex, Alba, Elo, Laetitia, Fanny, Bruno, Max, Laura, Emma et Ari, Bastien, Ingrid. Je ne les fréquente pas beaucoup mais c'est toujours un grand sourire, toujours un grand accueil tout simple et humain. Je crois que c'est pour préserver cela que je suis prudente bizarrement. 

    Il y a Lydie et JNT, je sais qu'ils m'aiment beaucoup et c'est entièrement réciproque.

    Il y a Maman. Je suis si heureuse que nous soyons toujours aussi liées, en mieux, en bien.

    Il y a Mamie, qui explose de joie à chaque fois que je l'appelle. C'est un bonheur et j'ai le cœur serré, toujours, de ne pas l'avoir rappelée plus tôt.

    Il y a Tonton, Isa et Lara. Et, en plus lointaine mais toujours si chaleureuse, Fanny. 

    Lin Pha miraculeusement, est toujours là. Angélique. Je l'aime énormément, il est incroyable. Je crois que, même si une toute petite partie seulement m'est due, je peux me féliciter d'avoir pu maintenir cette tendresse.

    Et puis bien sûr, il y a Franck. Encore une fois, excès de prudence sans doute mais qui s'explique si bien...Il y a des moments où je sais que je l'aime et il n'y a pas besoin d'en rajouter. C'est un fait entier et plein. Il y en a d'autres où je ne sais plus et j'ai peur qu'il le ressente. Je crois qu'il s'applique beaucoup pour nous. J'apprends quelque chose de nouveau il me semble. Je conçois qu'aimer un conjoint ce n'est pas une évidence de tous les instants. Parfois, le soleil est voilé. Et puis il revient. Parce que je conduis mes efforts vers cette foi qu'il est là et bien là et d'avoir la patience d'attendre. La Tempérance me fait part de ses vertus. Franck n'est pas économe en tendresse. Il est égal à lui même et égal à moi tous les jours. Je n'ai pas les mêmes idées, pas les mêmes envies que lui. Nous nous apercevons que ce que l'on croyait partager n'est pas si évident. Nous n'aimons pas les mêmes choses ou pas avec la même intensité. Mais nous maintenons nos efforts mutuels pour les partager. Cette affection qui se base d'abord sur deux grandes et bonnes volontés m'est totalement nouvelle. J'apprends à ne plus voir une divergence comme un drame, sans parler des désaccords...simplement des différences. Apprenons-nous si bien que ça à apprécier la différence ? Je n'en suis pas si sûre. Enfin peu importe, il est là, j'ai tant connu de présences inhabitées...Franck est avec moi.

    Alors on ne peut pas dire que je suis objectivement quelqu'un d'isolé. Loin de là. Il s'agit de se concentrer, de regarder ceux qui sont présents avec constance et qui n'exigent pas. Orienter son esprit n'est pas aussi facile qu'on le croit, si enclin qu'il est à se tourner vers l'absence. Mais les moments de réussite sont ô combien salvateurs. Apprendre à apprécier est infiniment précieux. 

     PS : J'ai croisé Cindy aujourd'hui, une connaissance que j'apprécie également beaucoup !


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  • Puung illustration

    Loraine est arrivée le 31 Décembre au soir à la maison. C'est une grande maison avec une jolie façade médiévale et un rosier. Elle n'est pas à moi mais c'est tout de même une sacrée chance et une sacrée réussite. Deux ans auparavant j'arrivais avec mon sac à dos et une chambre de fortune. J'ai adoré cette chambre blanche et bleue, aux couleurs de la Vierge, la

    même petite Vierge remplie d'eau qui m'étais tombée entre les mains alors que je repeignais l'intérieur de l'armoire murale du nouvel appartement de ma mère. Cette chambre avait deux grandes portes-fenêtres en vis à vis, je baignais dans une lumière traversante. D'un côté le massif de roses, de l'autre la cours des maternelles. J'étais exactement au bon endroit. 

    Très vite, la maison est arrivée. Elle est bien trop grande pour moi, même à deux, même à trois. Ceci dit, c'est la première fois que j'y suis véritablement seule et l'espace ne me gêne pas. Je me sens bien au milieu de ce temps béni, baignée de solitude. Je me baigne dedans sans aucune retenue. 

    L'une de mes lectures du moment : Poétique de la rêverie par Gaston Bachelard. Il accompagne merveilleusement bien cette tranquillité douce, cette profonde sérénité contenue dans le calme, l'absence de tout impératif. 

    Loraine m'a montré une série coréenne et ce fut une excellente idée. Il y a une esthétique très douce, tant dans le traitement des images que celui des personnages. C'est juste la vie et bien que l'héroïne traverse une rupture catastrophe, on nous épargne le drame. Voilà : on nous épargne le drame. C'est esthétique (propre mais sans essorage, c'est reposant !), le ton est doux et il est juste. Sans emphase. 

    Nous avons mitonné de l'aligot et un magret de canard sauce fruits rouges accompagnés d'une fondue de poireaux. On a bu du vin de Savoie. Nous avons ri et pleuré indifféremment, avec le même bonheur. L'amitié est la meilleure chose au monde. Loraine a branché sa playlist "hopeless romantic" et j'étais heureuse d'entendre cette part d'elle, cette part de moi, sans aucune appréhension. La musique s'est étendue dans l'espace, j'ai augmenté le son, j'ai eu la sensation merveilleuse de respirer. Sans peur, sans honte, nous avons dansé instinctivement avec un désir de grâce mais sans souci d'être grâcieuses, nous avons accompagné la grâce et c'était délicieux. Et puis, parce que c'est nous aussi, nous avons improvisé un ballet de pingouins en quête de grâce absolument sensationnel ! Nous avons tellement ri !

    Nous avons versé des larmes chaudes. C'est dur de se voir grandir, j'adore ça, aussi. 
    Je suis heureuse d'avoir obtenu du travail ici, c'était pas gagné. Et surtout je suis infiniment heureuse d'avoir enfin un rapport très apaisé au travail. Ce n'est pas toujours facile mais ce n'est pas difficile. C'est véritablement un travail tranquille et je savoure véritablement à quel point cela est précieux. Je commence à choisir des meubles, c'est la première fois de ma vie. Je commence à habiter un espace. 


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  • Persephone - Rebecca Guay

    Cela fait des années que je n'ai pas écrit sous forme de journal. Je pense avoir oublié l'intérêt, le plaisir même d'écrire juste dans cet entre-soi, le plaisir de se raconter à soi-même (en dehors de toute validation, approbation, réaction quelconque) et le plaisir de l'imagination. Une imagination qui n'a pas besoin d'être plaisante ou d'impressionner son monde, une imagination qui est juste là en elle-même, pour elle-même.

    J'ai envie de reconstruire cette petite cathédrale intérieure juste pour le plaisir de mes mots, de mes images, de mes chansons. Un endroit qui danse parce que c'est bon de danser, qui se nourrit d'illustrations, de musique, qui n'a besoin du support de personne. Un endroit heureux de lui-même. Et puis, inévitablement, une trace. Heureusement, nécessairement : une trace. 

    J'espère que cultiver cet univers intérieur favorisera une contemplation gratuite, décentrée de soi-même. Je veux me reconnaître et consolider des parois encore un peu trop fragiles avec le vœu de pouvoir tourner naturellement mon regard vers l'extérieur, juste pour le bonheur de contempler. Et puis, avoir cette opportunité d'observer le chemin parcouru. Ou oublie et c'est bien, on oublie forcément et tant mieux, cela fait de la place pour se réinventer. Mais, écrire me structure, m'élabore, de l'or, de l'or, beaucoup d'or, des fontaines dorées. 


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